Entre études et rêves
Les adultes, par excès de rationalité cessent de rêver. Les jeunes par manque de confiance n’osent pas rêver. Ceci n’étant pas appliqué par tout le monde, il existe des personnes ayant exceptionnellement fait preuve de volonté et de courage et ont eu des parcours professionnels et estudiantins distingués. Ils ont osé le changement, en s’orientant vers des domaines radicalement différents de leurs spécialités premières.
Les idées, les projets et les solutions qui sortent de la servitude et du conventionnel ne font nullement partie des apprentissages que notre système éducatif nous présente. Il oblige à des cheminements sévères, sinon la ruine nous guette. Notre système en fait, plus que ça, élimine tôt ou tard, les personnes ayant voulu suivre une combinaison autre que les siennes.
Par conséquent, beaucoup d’entre nous, pensent que toute orientation d’ordre professionnel ou estudiantin ne peut être point assujettie à une déviation quelconque. A titre d’exemple, un diplômé en ingénierie travaillera en tant qu’ingénieur, et un instituteur mourra instituteur. Ainsi, on a souvent peur de changer de carrière, que ce soit à l’âge de 25, ou alors à l’âge de 75ans.
Il est inconcevable de s’attarder sur le fait de déplorer le système éducatif national. Par contre il est nécessaire de prendre le temps de contempler certains de ses héros, qui ont pu relever le challenge de surmonter ses obstacles et se passer de ses règles. Une fois cela fait, il est plus aisé de s’ouvrir sur le changement avec un esprit optimiste.
Une idée originale et géniale est souvent accompagnée de risques. El Mostapha Khaledi, actuellement DRH chez YAZAKI, avait laissé tomber l’enseignement de l’anglais pour un master en RH à AL Akhawayn.
Après avoir décroché sa licence, avec le titre de major de promo, ce qui lui a valu d’ailleurs d’être reçu par Feu Hassan 2, M. Khaledi démarra sa carrière en tant que professeur d’anglais de deuxième cycle. Pour lui, l’anglais était la clé qui allait lui ouvrir les portes vers l’extérieur, dans un environnement de plus en plus marqué par la mondialisation. « En 1995 j’ai quitté mon travail, abandonné mon salaire et Meknès pour préparer un master en sciences humaines appliquées à l’université Al Akhawayn à Ifrane » confirme M. Khaledi . Animé par la volonté de changer de situation, Il se consacra à temps plein à ses études, tout en étant soutenu moralement et financièrement par son épouse. Lorsqu’il s’agit de trouver une idée d’un projet, il n’est jamais question d’intégrer les obstacles de la situation actuelle dans la réflexion ou l’imagination. Comme à son habitude, M. Khaledi fut reçu avec les honneurs et obtint son master avec la mention Summa Cum Laude (excellent). Il entama ensuite sa nouvelle carrière, occupant différents postes, jusqu’à atterrir chez Yazaki en tant que Directeur de Ressources Humaines et Représentant du Management en matière d’hygiène et sécurité. Classé parmi les 70 meilleurs DRH au monde entier en 2003, et connaissant d’énormes succès dans les postes qu’il occupe, il a paré son cursus d’un master en Coaching à l’EHTP, il est en train de préparer un exécutif MBA et il sera prochainement certifié en audit social. El Mostapha Khaledi déclare avoir réussi son challenge, et ne regrette aucunement la décision du changement. Ce dernier n’a en réalité jamais quitté son esprit, d’après une conversation avec son épouse, qui nous a révélé un secret : Son mari n’avait certes jamais éprouvé un plaisir dans l’enseignement au secondaire, mais l’enseignement supérieur a toujours été un rêve pour lui. Elle ne serait surprise si El Mostapha voulait encore changer de carrière, elle l’encouragerait même à réaliser son rêve.
Le plaisir de faire ce qu’on est en train de faire, l’audace de manifester ses tendances et l’application dans les projets entretenus, sont les qualités qui devraient chapoter notre bagage intellectuel, car ce dernier, à lui seul, ne peut nous permettre d’affronter les défis de la vie et de réaliser nos ambitions les plus profondes.
Avant le bac, les idées ne sont jamais fixes, après le bac, c’est encore pire. Se tromper en faisant un choix, c’est découvrir ce que l’on devait choisir. L’orientation pendant cette phase constitue un sérieux problème au Maroc. Et nos chers élèves s’en sortent souvent mal. Ayant peur de faire des erreurs, ils ratent l’opportunité de développer le sens du changement, quel que soit le moment. L’erreur dans le choix de la filière, de l’école, ou de la carrière, ne s’oppose point au succès. C’est, par contre, une étape nécessaire à ce succès.
Latifa Akharbach, actuellement Secrétaire d’Etat auprès du Ministre des Affaires Etrangères et de la coopération, et directrice de la Radio marocaine, avait osé le changement tout en étant encore jeune. Ayant décroché un bac en Sciences Mathématiques, elle n’a pas fait ce que les titulaires d’un tel bac font habituellement au Maroc. Elle choisit la faculté de médecine où elle passa une année d’études. Le domaine ne lui plaisant pas, un deuxième changement d’orientation s’est bel et bien avéré nécessaire. Grande passionnée de pédagogie de la communication, Madame Akharbach s’est ensuite tournée vers le journalisme en poursuivant des études à l’Institut Supérieur de Journalisme à Rabat. Sa carrière fut par la suite ornée de nombreuses réalisations dans le journalisme, chose qui était prévisible. Son point fort, c’est un dynamisme à toute épreuve et une production ininterrompue d’idées, en commençant par son parcours estudiantin.
Nous avons tous un rêve camouflé par les poussières des expériences vécues. Peu de personnes luttent pour les réaliser, et rares sont celles qui vont au delà de leurs intentions. Croyons alors en nos rêves, et prenons ces personnes comme exemples… En réfléchissant un peu à un rêve, on peut lui donner corps et le concrétiser en un quelconque projet. La combinaison de l’intention et la volonté, quant à elle, peut nous aider à aller de l’avant. Et plus notre volonté est fondée et solide, plus nous déployons notre énergie à rendre l’imaginaire réalité.