Fini le parcœurisme! En tout cas, le ministère de l’Education a adopté un nouveau système d’évaluation pour les élèves de 6e année primaire. Il s’agit de l’approche pédagogique de l’intégration (API). «Une méthodologie qui consiste en l’évaluation des compétences des écoliers selon l’approche pédagogique de l’intégration qui consiste à poser des situations-problèmes pour permettre à l’élève de les résoudre en mobilisant des ressources qui englobent les savoirs, le savoir-faire, le savoir-être et le savoir-devenir», explique Nassreddine El Hafi, expert en pédagogie et ancien directeur de l’Académie du MEN du Grand Casablanca. L’examen aura lieu à l’échelle nationale le samedi 2 juillet. Pour la première fois, l’API sera généralisée à toutes les académies du Royaume. En clair, le nouveau système d’examen veut faire table rase des vieilles approches basées sur «l’apprentissage par cœur», qui consiste à restituer les connaissances acquises telles qu’ont été apprises au cours de l’année scolaire. Ce qui ne permettait pas de développer les compétences des élèves. Pour la tutelle, la nouvelle approche représente une avancée dans le système éducatif. «La pédagogie de l’intégration prépare l’élève à la vie sociale et professionnelle, en cherchant à le rendre capable d’agir face à des situations complexes et en développant son adaptabilité pour qu’il puisse s’intégrer dans la société», explique Nourdine El Mazouni, chef de la Division recherche, archivage & diffusion de la documentation pédagogique. De plus, l’API a pour objectif de développer une meilleure maîtrise des ressources et des compétences via une évaluation formative. «Une approche qui abandonne la logique des révisions et des activités de soutien aléatoire, lesquelles ne répondent presque jamais aux besoins réels des apprenants», ajoute El Mazouni. L’API a été conçue par Xavier Roegiers et opérationnalisée par le Bureau d’ingénierie en éducation et formation. Elle a été appliquée depuis les années 90 dans plusieurs pays tels que la France, l’Espagne, la Tunisie, le Liban… Au Maroc, elle a été introduite à titre d’expérimentation en 2009 dans trois académies régionales: Meknès, Chaouia et Oued Eddahab. Elle sera généralisée à toutes les académies du Royaume l’été 2011. La même approche sera étendue à l’enseignement secondaire collégial au cours de l’année scolaire 2012-2013.
En pratique, l’épreuve d’arabe ou de français consistera à commenter, par exemple, une image, un article de quelques lignes ou une lettre à rédiger. Pour l’examen de mathématiques ou de géométrie, il s’agira de résoudre des problèmes. Pour s’assurer de la bonne assimilation de la nouvelle méthode aussi bien par les enseignants que par les élèves, trois examens blancs ont été organisés. «Les résultats ont été catastrophiques», explique une enseignante d’une école privée. Pour l’institutrice, les élèves ne sont pas habitués à ce type d’examen. «Depuis le cours préparatoire, on leur demandait tout simplement de réciter par cœur. Quant aux épreuves de mathématiques, l’examen avait toujours consisté à faire des opérations d’arithmétique et il n’a jamais été question de résoudre des problèmes», ajoute-t-elle. Les élèves n’ont donc pas engrangé assez de connaissances et ne disposent pas d’un background linguistique suffisant pour commenter une image, par exemple. D’autant plus que la lecture ne figure pas parmi les hobbies de la plupart des élèves. «Chaque épreuve dure normalement une heure et demie, mais au bout de 15 minutes, certains élèves remettent leur copie car ils se trouvent devant le syndrome de la page blanche», déclare l’enseignante. A l’approche du jour de l’examen, des parents commencent à s’inquiéter quant à l’avenir de leurs enfants. La tutelle reconnaît qu’on ne pourrait récupérer le retard accumulé depuis plusieurs années, mais se veut rassurante.
Parcœurisme : Est ce que c'est fini au Maroc ?
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