« Personne ne peut contester le fait que la promotion et la protection des droits de l’Homme au Maroc ont connu un développement notable et que les bases d’un Etat de droit ont été mises en place grâce à des décisions importantes et courageuses prises dans ce sens ». Le secrétaire général du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) est on ne peut plus clair, à l’occasion d’une conférence organisée en décembre 2015 et consacrée aux droits de l’Homme au Maroc.
Le pays a effectivement adhéré à la grande majorité des conventions internationales visant la protection des droits de l’Homme. Il est également le seul pays du monde arabo-musulman à avoir adopté la décision d’abandonner la poursuite de civils devant les tribunaux militaires, sans oublier le grand chantier de régularisation de la situation des immigrés et réfugiés.
En effet, depuis une quinzaine d’années, le Maroc officiel annonce de nombreuses avancées en matière des droits de l’Homme ; tandis que certains acteurs de la société civile et des médias (marocains et étrangers) considèrent que ces avancées constituent essentiellement un moyen de propagande politicienne et de communication qui vise à améliorer l’image à l’étranger. Ces avancées, réelles ou présumées, sont ainsi elles-mêmes sujettes à controverse et à polémique.
Selon certains observateurs, le bilan des droits de l’Homme au Maroc est alors mitigé. Si le Maroc a effectivement réalisé des progrès considérables depuis la fin des « années de plomb » il existe encore des abus de pouvoir, et ce malgré les récentes évolutions enregistrées.
Côté liberté d’expression, on peut dire qu’au Maroc, les médias sont relativement libres, comparé à la plupart des pays de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient, bien que beaucoup de journalistes pratiquent une certaine forme d’autocensure. Certains sujets restent ainsi difficiles à aborder comme l’intégrité territoriale ou la monarchie. Les débats sur l’islam politique, la laïcité, la liberté de croyance ont toutefois été largement ouverts pendant les dernières années. Les peines privatives de liberté existent toujours dans le code de la presse et des journalistes continuent à être condamnés et poursuivis pour leurs positions. L’accès à Internet est, quant à lui, pratiquement libre et presque sans limitation.
Parler des droits de l’Homme nous amène forcément à aborder la question des libertés individuelles. Si des sujets comme la liberté de croyance et les libertés individuelles peuvent être abordées dans les médias, ces droits sont, dans les faits, largement bafoués. Excepté les Marocains de confession juive (il n’existe pas de communauté marocaine de confession chrétienne reconnue), un Marocain nait musulman sunnite de rite malékite (les autres rites ne sont pas reconnus au Maroc). Aucune liberté de choix ne lui est accordée. Le changement de religion est puni par la loi (sauf à vouloir se convertir à l’islam) et la liberté de conscience n’est pas reconnue au Maroc.
Pour résumer, si beaucoup d’observateurs relèvent les efforts consentis par le Maroc pour engager de véritables réformes et garantir les droits de l’Homme (droits civils et politiques, droits économiques et sociaux, etc.), d’autres considèrent que le Maroc a, au contraire, enregistré un net recul depuis quelques années.
Quel bilan peut-on faire de la situation des droits de l’Homme dans le Maroc d’aujourd’hui ? L’Etat est-t-il véritablement engagé dans ce processus de réformes ou l’utilise-t-il pour redorer son blason à l’international ? Si on doit tracer des priorités en ce qui concerne les droits de l’Homme au Maroc aujourd’hui, quelles peuvent-elles être ? etc.
Pour répondre à toutes ces questions et à d’autres encore, HEM Fès organise une conférence débat sur la thématique ‘’Droits de l’Homme au Maroc : Réalité ou Communication Politique ?
Interviendront à cette conférence-débat :
- Ahmed ASSID, Ecrivain & Chercheur
- Abdelali HAMI-EDDINE, Parlementaire, Professeur Universitaire et Président du Forum Al Karama
- Khadija RYADI, Membre et Ancienne Présidente de l’AMDH – Association Marocaine des Droits de l’Homme
- Jamila SAYOURI, Avocate, Présidente de l’Association Adala et Membre du CNDH – Conseil National des Droits de l’Homme
- Mohamed SEKTAOUI, Directeur de ‘’Amnesty International’’
La conférence-débat sera modérée par Driss KSIKES, Ecrivain & Directeur du Cesem, Centre de recherche de HEM.
Nous espérons pouvoir vous compter parmi nous le Jeudi 14 Janvier 2016 à 18h30 à la salle de conférence Arkoun – Campus HEM Fès.
L’entrée est libre !
Pour plus d’infos : http://ow.ly/X0A8I