Les dernières élections législatives au Maroc ont eu lieu le 7 octobre 2016. Aujourd’hui, et cinq mois plus tard, le gouvernement n’est toujours pas constitué. Le Parti de la Justice et du Développement (PJD), arrivé premier, peine à constituer sa majorité gouvernementale. Les pronostics fusent de tous les côtés : Démission de Abdelilah Benkirane ? Nomination d’un nouveau chef de gouvernement du parti arrivé premier aux élections, en reconnaissance de « l’échec » du Chef du Gouvernement actuel, mais pas de son parti ? Nomination d’un Chef de gouvernement du parti arrivé deuxième, en l’occurrence, le Parti Authenticité et Modernité (PAM) ? Conduite de nouvelles élections anticipées ? Etc.
Or, la Constitution de 2011 ne prévoit pas de plan B. L’article 47 stipule que « Le Roi nomme le Chef du Gouvernement au sein du parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des Représentants, et au vu de leurs résultats. Sur proposition du Chef du Gouvernement, Il nomme les membres du gouvernement ». Cet article de la Loi Suprême du Royaume ne dit donc pas que le Chef du Gouvernement doit nécessairement être le Secrétaire Général du Parti arrivé premier. Et surtout, il ne prévoit pas de plan alternatif en cas d’échec du Chef du Gouvernement nommé à constituer sa majorité.
Or, le blocage actuel souffre en partie d’un manque de visibilité si la situation actuelle dure et perdure. Si le Roi Mohammed VI a respecté la Constitution en nommant, 24 heures après l’annonce des résultats des élections, M. Abdelilah Benkirane, Secrétaire Général du PJD, en tant que Chef du Gouvernement, cela n’a pas pour autant permis d’aller jusqu’au bout du processus démocratique.
Depuis bientôt 5 mois, les négociations entre M. Abdelilah Benkirane et les autres partis pouvant constituer une majorité, connaissent moult blocages et complications. Des partis qui posent des conditions, d’autres qui proposent ou imposent leurs propres alliances, et d’autres encore qui font dans le chantage politique. De l’autre côté, le Chef du Gouvernement nommé ne propose pas d’alternatives réelles et concrètes. Il défend bec et ongle un parti et son leader, qu’il fustigeait pourtant avant les élections. Il met en cause l’indépendance d’un autre parti qui, pourtant, faisait parti de sa majorité passée (2012, 2016). Et tout cela ne manque pas d’installer un flou, voire un sentiment de rejet chez le citoyen qui observe la situation actuelle.
Par ailleurs, l’élection du Président du Parlement et de ses différentes instances pose aussi le problème du respect du processus démocratique. Est-ce une démarche qui respecte les pratiques politiques en la matière ? Ne fallait-il pas attendre la Constitution du Gouvernement pour procéder à l’élection de la Présidence et des Instances de la première Chambre du parlement ?
Ceci pousse les différents observateurs à se poser de nombreuses questions à propos des élections au Maroc et de leur intérêt :
- Que vaut la voix du citoyen-électeur marocain ? Surtout, si des partis arrivés loin derrière le premier parti se mettent à imposer leurs conditions.
- S’agit-il aussi d’une « arrogance » du parti arrivé premier, qui a du mal à bien mener ses négociations avec des partis dont il a pourtant besoin ?
- Est-il normal que des partis politiques arrivés 4ème, 5ème voire 6ème aux élections, tentent aujourd’hui d’imposer des conditions au parti arrivé premier ?
- La constitution de coalitions avant les élections ne pourrait-elle pas être une des solutions à cette situation de blocage ?
- Aura-t-on besoin, bientôt et urgemment, d’une réforme constitutionnelle qui permettrait de prévoir les différents cas de figure après l’annonce des résultats du scrutin ?
- Les scénarios actuels ne contribueraient-ils pas à baisser encore plus, la confiance des citoyens en la politique ?
- Pour finir : Les élections au Maroc seraient-elles une simple façade démocratique ?
Pour répondre à ces questions, et à d’autres encore, HEM Fès organise le jeudi 2 Mars 2017, une conférence-débat consacrée à cette thématique : « Elections au Maroc : Une façade démocratique ? ».
Pour plus d’infos : http://hem.ac.ma/fr/conferences-grand-public/elections-au-maroc-facade-democratique